Hardes 2005

JEAN MICHEL PLATIER

à Serge Guichard


Les hommes noirs crucifiés
sur les barbelés du désert
pleurent avec nos yeux
Les hommes noirs ont traversé à pied le désert
ils sont nés pour espérer
mais ils ne peuvent plus rentrer chez eux
de peur de mourir de honte
sous le regard noir de leur père et de leur mère
Les hommes noirs vivent dans la forêt depuis deux ou trois ans
des vacances contraintes et forcées
à se nourrir d’écorces et du jus des cailloux
brûlés le jour gelés la nuit
à sourire aux étoiles et à leur chance européenne
Les hommes noirs viennent de l’Est et de l’Ouest
et surtout du Sud
Congo et Rwanda n’ont plus de frontières
le sable balaye chaque jour les traces de leurs millions de pas
Les hommes noirs par centaines ont franchi les fossés
et sont montés en silence à l’assaut des fils de fer barbelés
blessés frappés à mort électrocutés fusillés
Les hommes noirs qui ne sont jamais comptés
pleurent leurs plaies rouges au sang rouge
et leurs larmes sont les mêmes que celles des enfants
Gardes frontière maures et banderas
rejouent l’histoire de leurs batailles passées
rotent et pètent l’arme au pied
Ils posent souriant devant les caméras de télévision

------------------------------------------------------------------------------------------------------------

JEAN MICHEL PLATIER
derniers livres parus :

- Le stylo en bandoulière – Maïakovski, un idéal poétique

éditions Tribord, Bruxelles, 2005.

- L’Heure injuste, anthologie de 21 poètes, préface de Valère Staraselski,
La passe du vent, 2005.

Envie este Poema

De: Nome: E-mail:
Para: Nome: E-mail:
Sinceros agradecimentos pela preservação da Autoria.